Ce matin du 3 janvier 2012, venteux et pluvieux sur la Bretagne, a été encore assombri par la triste nouvelle du décès de Mathilde Tubau-Bensoussan. Nous la savions fragile et affaiblie, mais l’émotion suscitée par sa disparition n’en est pas moins profonde chez tous ceux qui l’ont connue comme professeur ou comme collègue.

À Rennes 2 où elle enseigna au département d’Espagnol de 1968 jusqu’à la fin de sa carrière, elle fut aussi à l’origine des études catalanes. C’est d’ailleurs à un auteur catalan, Narcís Oller, qu’elle consacra sa thèse de doctorat, soutenue en Sorbonne sous la direction du Professeur Maurice Molho.

Dès 1973, en publiant Écrivains de Catalogne, elle avait contribué à faire rayonner en France cette littérature dont inlassablement elle allait traduire poètes ou romanciers : Salvador Espriu, Pere Gimferrer, Baltasar Porcel, Carme Riera …, tout en s’investissant dans l’Association Française des Catalanistes.

En 1993, la Generalitat de Catalogne lui avait remis la Creu de Sant Jordi en reconnaissance de son action en faveur de la diffusion de la langue et de la culture catalanes.

Début 2011, est paru aux éditions Apogée un émouvant diptyque : à La césure, ce manuscrit longtemps resté en attente, finalement publié sous le nom de Matilda Tubau-Bensoussan et qui la restitue dans sa plénitude de femme et d’écrivain, répondait Faille, récit signé par Albert Bensoussan, où l’écriture sublimant la réalité de la maladie ne laisse entendre que l’hommage à la femme aimée, essentielle.

Et pour nous ses collègues et amis, c’est, par delà la mémoire de tout ce qu’elle a accompli, l’écho vivace des moments partagés qui seul pourra nous rendre plus acceptable son absence.

Christine Rivalan Guégo
Professeur, Université Rennes 2