Journée d'étude "Genre et liberté(s)" Télécharger au format iCal
 
Journée d’étude :
Genre et liberté(s) : cultures, théories et représentations
13 octobre 2017 
Interactions culturelles et discursives
Université François-Rabelais – Tours
Comme le souligne Paul Ricœur, « le mot “liberté” se rencontre volontiers au pluriel : on parlera des “libertés” : civiles, politiques, économiques, sociales. Par ces libertés on entendra moins le pouvoir de faire ou de ne pas faire […] qu’un certain nombre de droits de faire, qui n’existent que s’ils sont reconnus par les autres et instaurés dans des institutions de caractère économique, social, politique. » (Ricœur, [en ligne]). La question des droits fondamentaux s’inscrit bien au cœur de la définition des libertés. Les conceptions que se font les actrices et acteurs sociaux de leur plein accès à ces droits sont profondément enracinées dans des contextes historiques, politiques et culturels qui conditionnent la pensée, posant d’emblée les impensés comme intellectuellement impensables ou moralement tabous, tandis que les champs des possibles entretiennent des rapports complexes avec la double question de la légitimité et de la transgression, mettant au défi de redéfinir sa place, chaque personne aspirant à plus de libertés ici et maintenant.

Cette journée se propose d’étudier les mécanismes de restriction des libertés et les stratégies de libération élaborées par les individus et mouvements intellectuels, artistiques et sociaux qui posent aujourd’hui la question des droits fondamentaux des femmes et des minorités sexuelles.
On s’intéressera en particulier aux systèmes de pouvoir qui restreignent l’autodétermination des femmes et des minorités sexuelles et leur liberté de disposer de leur propre corps : le contrôle de la fécondité par les instances de pouvoir nationales ou familiales, les stérilisations forcées des femmes pauvres ou racisées, la régulation de l’accès à la contraception, à l’avortement et à la survie maternelle, les stratégies de restriction de la liberté de circulation et de migration des femmes, mais aussi les systèmes administratifs, médicaux et juridiques de limitation du droit des personnes trans et intersexes à l’autodétermination de leur identité de genre sont autant de pistes d’études que cette journée envisage d’analyser. On pourra par exemple s’intéresser aux situations juridiques apparemment paradoxales, comme celle de l’Argentine où le droit à l’autodétermination de l’identité de genre est garanti par la loi mais l’avortement illégal.
Par ailleurs, on s’attachera à dessiner les contours des espaces de résistance ouverts par ces systèmes de pouvoir, puisque l’on sait que « là où il y a pouvoir, il y a résistance et que pourtant, ou plutôt par là même, celle-ci n’est jamais en position d’extériorité par  rapport au pouvoir. » (Foucault, 1976 : 126) On pourra ainsi analyser les stratégies d’empowerment développées par les femmes et les minorités sexuelles pour accéder à plus de libertés ou simplement questionner les systèmes de pouvoir, comme le font les cultures queer et trans qui, comme le souligne Paul B. Preciado, ne sont ni « dentro de la heterosexualidad [ni] fuera de ella. Se trata, más bien, de culturas de resistencia a la ley heterosexual normativa. » (Preciado, 2007 : 110) L’étude des mécanismes de pouvoir au sein des mouvements sociaux considérés comme progressistes – marxistes, indigènes, décoloniaux, mais aussi féministes et queer – et tendant à prioriser certaines libertés fondamentales – liberté d’expression, de réunion... – au détriment des libertés des femmes et des minorités sexuelles sera également bienvenue. On pourra aussi interroger l’efficacité de ces stratégies, qui s’avère parfois discutable, si l’on en croit Judith Butler pour qui la répétition parodique peut tout autant perturber l’hégémonie de l’hétérosexualité que la renforcer. (Butler, 1990)
Sur le plan des représentations, les contributions visant à définir les stratégies littéraires et artistiques de création d’espaces de liberté pour les femmes ou les minorités sexuelles seront particulièrement bien reçues. On pourra par exemple analyser la place qu’occupent ces minorités dans certains genres littéraires qui tendent à projeter des images non hégémoniques des groupes sociaux dominés, comme l’utopie ou le nouveau roman historique. On pourra aussi se demander si l’art et la littérature fonctionnent davantage comme espaces de catharsis, de dénonciation ou de performance, et s’interroger sur les éventuels mécanismes d’autocensure ou de contournement de la censure par les artistes appartenant aux minorités sexuelles et évoluant dans des contextes sociaux contraignants – dictature, néo-impérialisme, néo-colonialisme, patriarcat, etc.
Enfin, d’un point de vue plus théorique, on pourra envisager les débats autour de la question identitaire, qui connaît un renouveau critique en Amérique latine à l’heure actuelle. On pourra ainsi s’intéresser aux transferts culturels entre des zones géographiques centrales et périphériques et à l’applicabilité de concepts et de théories telles que « queer », « genre » ou « hétérosexualité obligatoire » selon les contextes dans lesquels ils sont employés. Il s’agira par exemple de déterminer les tensions existantes entre identité et liberté, une relation jugée problématique par la théorie queer selon laquelle l’identité tend à figer et à limiter, alors que les choses ne semblent pas si claires pour les queer of color et les théoricien·ne·s de la décolonialité, dont Yuderkys Espinosa Miñoso qui pose la problématique en ces termes : « ¿Cómo liberarnos sin saber quiénes somos, sin valorar lo que somos? ¿Cómo aglutinarnos y convocarnos sin apelar a una identidad común? He aquí la encrucijada, y las respuestas están abiertas; apenas comienzan a vislumbrarse. » (Espinosa Miñoso, 2007 : 35)
Ces axes de réflexion n’étant évidemment pas restrictifs, toute autre proposition portant sur la thématique « Genre et liberté(s) » sera également bienvenue.
Les propositions, sous forme d’un titre et d’un résumé d’environ 200 mots, devront parvenir avant le 1er juillet 2017 aux deux adresses suivantes : et
Références citées et bibliographie indicative
BUTLER, Judith, Gender Trouble, Feminism and Subversion of Identity, New York-London : Routledge, 1990.
ESPINOSA MIÑOSO, Escritos de una lesbiana oscura, Buenos Aires-Lima : en la frontera, 2007.
FOUCAULT, Michel, Histoire de la sexualité I. La volonté de savoir, Paris : Gallimard, 1976.
GAUTIER, Arlette, Genre et biopolitiques : l’enjeu de la liberté, Paris : L’Harmattan, 2012.
HEINE, Sophie, Genre ou liberté, Louvain-La-Neuve : Academia, L’Harmattan, 2015.
PRECIADO, Paul B., « Devenir bollo lobo o cómo hacerse un cuerpo queer a partir del pensamiento heterosexual », in CÓRDOBA, David, SÁEZ, Javier et VIDARTE, Paco (éds.), Teoría queer. Políticas bolleras, maricas, trans, mestizas, Barcelone-Madrid : Egales, 2007.
RICOEUR, Paul, « Liberté », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 avril 2017. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/liberte/
Lieu Université François Rabelais, Tours
Contact Mónica Zapata () et Sophie Large ()

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